De l’Egypte à la Terre de Canaan : une histoire de passage et de… signification paradoxale…

de Loredana Filippi

exodus

Minuit est passé depuis peu, demain, le matin de Pâques, les cloches sonneront de nouveau… le passage s’accomplit, le soleil revient, la vie se renouvelle. L’illusion est vaincue, il nous est offert de ne plus retomber dans le piège…

De nouveau victorieux, le soleil revient pour réveiller son épouse qui, jusque-là assoupie dans le sommeil de l’Hadès, se met en chemin à sa rencontre en retrouvant la force de casser la motte dure, comme la jeune pousse qui triomphe souvent même du ciment. Histoire paradoxale de la graine, comme celle de l’homme… qui de tous les êtres, est le plus sensible et aussi le plus fort et qui, dans sa fragilité, est vainqueur – comme la tendre pousse – dans la lutte pour l’existence.

Toutefois, rien de plus naturel que le ”paradoxe”, que le double, apparemment inconciliable…

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Tout est ”double” dans la nature: la graine est double et l’homme est double.. deux jambes, deux bras, deux yeux, deux oreilles, deux nez?!?! mais qu’est-ce que je dis! Mais si, c’est vrai: ”deux” nez!!! et même… deux cœurs… c’est pourtant curieux que, justement ces ”lieux corporels” qui, pas uniquement symboliquement, assurent un ”centre” et le représentent, comme le cœur (mais aussi, pourquoi pas, comme le nez, nombril de notre visage) soient doubles eux-aussi… structurés en double…

Je m’amuse à le dire dans les conférences… L’Humain est une affaire de Grand Paradoxe, et le Cœur en est une remarquable illustration… Et oui, le Cœur aussi est double : peut-être dans la longue histoire de sa Signification… il est devenu ”centre” parce qu’en lui, ”le jeu des rôles” trouve symboliquement le meilleur lieu de représentation : en lui sang rouge et sang bleu arrivent en vis-à-vis, ensemble l’un avec l’autre, jusqu’à s’embrasser ! Lieu d’échange par conséquent magique et mystérieux… tout autant que cet autre endroit si petit et caché, au ”cœur” de nos poumons où, dans le minuscule et fin réseau qui enveloppe l’espace sacré de la dénommée bronchiole pulmonaire, des capillaires extrêmement fins s’enlacent si étroitement que l’un devient l’autre et vice versa.. C’est grâce à cet intense enlacement que l’oxygène passe dans le sang.. que la vie se régénère à chacune de nos respirations… et qu’à chacune de nos respirations, la mort est vaincue, encore une fois…

Le cœur résume nos contradictions non seulement parce qu’en lui les deux circulations se rencontrent..  comme les deux visages de Janus, qui, au solstice d’hiver, montrent la ”porte” de l’année nouvelle, ou comme les antiques ”pierres qui s’entrechoquent” que les Argonautes devaient essayer de passer indemnes, avant qu’elles ne se referment sur eux en les broyant… le cœur comme organe anatomique reste un rébus pour la science moderne : comment peut-il être un muscle, de type involontaire, et être composé par la structure ”striée” caractéristique des muscles volontaires ? Un défi, en d’autres termes… un passage très étroit, par lequel la raison doit accepter, peut-être, d’être retournée…

L’histoire se répète, je pourrais en donner des exemples à l’infini, et pas seulement en physiologie humaine, pour autant grande Maîtresse de vie… d’ailleurs, l’antique oracle ne nous avertit-il pas : ”Connais-toi toi-même si tu veux connaître l’univers et les dieux” ?

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Du mythe à l’histoire, de l’œuf cosmique au soleil levant, de l’antique île de Pâques et ses rites propitiatoires pour le printemps, jusqu’à la Pâque des anciens Hébreux… rites de renaissance convergeant tous vers une antique mémoire d’un ”passage” à travers lequel coule la vie, de nouveau féconde. Pâque est Passage… comme Vie est Passage… comme notre époque, elle aussi, est Temps de Passage.

De l’Egypte à la terre de Canaan : passage de libération, de lumière, de conscience… au-delà de toute référence monoculturelle pour telle ou telle confession, Pâque est conquête de connaissance, de connaissance nouvelle : Terre Promise, où les opposés se retrouvent enfin, où le ”Je” ne nie pas le ”Tu” et où le ”Tu” (qui est Beth, deuxième lettre de l’alphabet hébreu, le fils) devient ”mer” qui berce de nouvelles réalités de toi-même, de nouvelles terres, de nouveaux champs de conscience… Où le ”TU”, l’enveloppe, le réceptacle, se fait ”maison” comme en BERESHIT, la première Parole, qui confie son secret à la première Lettre….

Terre promise où le ”Je” reconnaît, dans le ”Tu” ou dans sa polarité opposée, le sens même de son existence, la direction vers laquelle se diriger pour pouvoir se rencontrer soi-même… où le cercle peut ne pas ”se fermer pour finir” mais s’achever, pour commencer un nouveau chemin. Où, enfin, esprit et cœur, matière et énergie se configurent de façon plus lumineuse et transparente…

Avec la naissance du monde biologique et en particulier avec sa première respiration, l’homme est projeté dans le monde de la dualité, dans le temps historique, Terre de l’oscillation : il abandonne par conséquent le règne de l’unité dont il provient, et auquel il retournera ensuite. La respiration change et devient ”polaire” et, dans le cœur de l’homme, le petit trou de Botal (communication encore ouverte entre deux réalités différentes) se refermera à brève échéance, de même les os du crâne se rejoindront avec le temps, pas simplement métaphore mais réelle ”fermeture” des portes par lesquelles coule la vie, portes qui assurent le contact avec le monde suprasensible. A partir de ce moment, la dualité, le double, le doute, l’accompagnera…

Cette danse entre deux utérus cosmiques qui nous engendrent et recueillent (ou mieux, ré-accueillent) notre vie, se présente comme une expérience de la polarité : polarité qui se retrouve partout, dans le visible et dans l’invisible, dans le macrocosme et dans le microcosme, dans la matière mais aussi dans l’énergie. Bien plus: la ”différence de potentiel” entre des réalités, ”polaires” justement, est précisément ce qui détermine le ”Champ” par lequel passant et repassant, vient se manifester ”la Force qui coule”.

Dans la dimension qui est la nôtre, la polarité est partout ; Cette polarité est souvent perçue comme contradiction : dans la manifestation (jour/nuit, homme/femme et ainsi de suite), dans la forme même de la manifestation (haut/bas, dedans/dehors, chaud/froid) et dans la vie : histoires et événements dits ”extérieurs” qui la substantent et ceux qui émanent de l’intérieur, comme les émotions (ex-moveo) et les sentiments… ceux-ci, apparaissent souvent comme des contradictions. Et la contradiction est conflit, est guerre...

Certes, le conflit nous habite, c’est naturel… ”l’homme est double” rappelle Steiner dès les premières pages de sa Physiologie Occulte… Nous devons reconnaître cette ambivalence sans toutefois oublier qu’en réalité, le double n’existe pas… le ”deux” -dit le même Steiner- est une illusion, le Diable, celui qui, interférant avec la ”Force qui coule”, ”jette des obstacles” (dià-bàllei), éloigne et di-vise… Ce qui réellement existe c’est le Un et, avec lui, et même en lui, le Trois, qu’il contient… Dommage, comme il se disait dans l’Antiquité, “tertium non datur”, que l’homme doive se donner beaucoup de peine pour réunir les opposés et découvrir ou redécouvrir l’incontournable tertium quid : lien invisible entre les choses, pivot de la croix, invisible certes, mais essentiel, et même quint-essence (cachée) de l’être…

Et pourtant Dieu choisit le Deux comme forme de la manifestation : Il crée le ciel et la terre, la nuit et le jour, l’homme et la femme, il divise les eaux supérieures des eaux inférieures. Cependant, le double est une illusion, puisque Dieu ne divise pas mais ”sépare”, distingue… si bien que la fameuse ”côte d’Adam” dont la tradition biblique fait provenir la femme, pourrait n’être autre que le symbole de l’autre côté de la Réalité…

Et cet Autre Côté est celui que, trop souvent, l’homme oublie… L’Autre Côté des choses, la face cachée mais essentielle, peut-être celle qu’il est justement de notre devoir de chercher, re-chercher ou, mieux encore, r-appeler…

”Homme et femme” prennent de nouvelles connotations plus profondes.. Ce n’est pas simplement une ”distinction sexuelle”, c’est quelque chose de plus profond, d’intérieur… comme Ciel et Terre : la Terre est le visible, l’observable en nous, le Ciel est l’invisible, le non-encore observable…

Moi -Loredana- je suis femme sur le plan biologique, extérieur mais, si je regarde à l’intérieur, si ”je me souviens de moi” je suis virile, puisque ”viril” (zakar en hébreu) est aussi ”qui se souvient”… En ancien français ”recorder” (du latin recordare, se souvenir, forme encore actuelle en italien ricordare) signifie littéralement se reconnecter au cœur !

R-appeller ce qui m’habite en profondeur… c’est précisément ce que signifie ”être viril”, faire œuvre masculine en moi, dans mes cieux et mes terres profondes (le symbole ne fait pas la distinction). Se rappeler: voilà le devoir que l’humain doit aujourd’hui porter à accomplissement, le Passage qu’il doit accomplir, pour naître à une réalité nouvelle…

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Mais tous les passages sont étroits, comme le ”col” (voie étroite) de l’utérus que nous devons traverser quand nous arrivons dans le monde biologique, et comme, métaphoriquement les ”voies étroites de la vie”, passages obligés qui ”nous accouchent” ensuite à de nouvelles expériences et surtout à une conscience nouvelle… Ils sont difficiles, ils comportent des frictions… en avoir conscience m’aide alors à me dire : ne t’installe pas avec tes meubles dans le tunnel !!! Parcours-le jusqu’au fond mais ne t’identifie pas avec lui : c’est SEULEMENT un PASSAGE !! Alors voilà que la friction à laquelle nous contraint le passage, devient source d’apprentissage… puisqu’on ”apprend seulement à travers la friction”, comme à l’école grâce aux problèmes que nous donne la maîtresse… d’ailleurs du reste, c’est ce que nous enseigne le ”tunnel de la vie”.

Mais il y a une autre chose qui mérite qu’on y réfléchisse… à savoir que les véritables passages sont généralement précédés par un ”retournement”… Mais comment ça ? Quand j’ai fini l’école primaire, je dois recommencer au collège à étudier l’histoire depuis le début, depuis les hommes des cavernes ?

Comme on le sait bien, pour naître comme il faut, le fœtus DOIT SE RETOURNER!!! Nous devons nous plier, baisser la tête et descendre vers la terre, vrai acte d’humilité!!! Tant que le fœtus ”obstinément” (du latin ob-stare, se tenir contre) ne fléchit pas la nuque, son os frontal ne fait que continuer à cogner contre l’os pubien du pelvis de la mère (qu’il est symbolique et à propos, le fait de se cogner le front avec la main pour dire que nous sommes ”durs à comprendre”, ou tout simplement obstinés dans quelque chose… comme pour rappeler ce moment archétypique de notre histoire). Quand, épuisé, l’enfant se rend enfin et plie la tête voici qu’il naît… C’est vrai… pour naître aussi il nous faut de l’humilité, il nous faut ”lâcher prise” !

J’aime rappeler Jean-Baptiste qui, en donnant le baptême dans l’eau, en y immergeant les adeptes, (et selon certains, leur maintenant la tête sous l’eau jusqu’au point de résistance extrême, c’est-à-dire jusqu’à effleurer la mort, autre ”retournement”) leur disait metanoéite! RETOURNEZ-VOUS!

Mais qu’est-ce que tout cela veut dire ? Quelle relation avec notre chemin de conscience, ou même avec la possibilité de passer le plus possible notre vie en bonne santé ?

D’après tout ce que j’ai mûri pour ma part jusque là, l’expérience, -réelle et symbolique- du ”passage” et du RETOURNEMENT qu’il implique, représente une des plus importantes réalisations à accomplir au long du chemin.

Le retournement est aussi ”sacrifice”, c’est savoir renoncer précisément à ce à quoi je tiens le plus, ce pour quoi j’ai même lutté… en d’autres termes, pour accéder à de nouveaux horizons, de nouveaux niveaux de conscience, nous devons faire un sacrifice : nous devons pouvoir abandonner un monde pour en rencontrer un autre… exactement comme, quand on naît, il nous faut abandonner le royaume du placet (plaît, d’où placenta), le paradis primordial, pour entrer dans ”le monde où on crie, où tout est cri”…

Faire fondre l’Ego… c’est peut-être la tâche la plus ardue qu’il nous faille affronter dans notre vie sur terre ! Cela se traduit par ”sacrifier” (qui ne signifie pas perdre quelque chose mais plutôt rendre sacré) nos conquêtes les plus grandes et les plus durement acquises… nos certitudes, les briques du temple que nous avons si péniblement construit… Ne serait-ce pas, par hasard, que la raison, la déesse raison dont l’homme se vante si souvent, conquête des siècles derniers de notre humanité, devrait en faire autant?

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Le ”retournement” est un véritable exercice pour l’âme… Et il est très important de vivre cette expérience, qui est l’expérience de la METANOIA, de la transformation..

Il m’est si souvent arrivé de le vivre à travers le corps.. Bien évidemment! Apprendre à ”faire des pirouettes”, dans l’eau par exemple, excellent exercice, où à un certain point je perds littéralement l’orientation : je ne sais plus où aller, par où pousser pour retrouver l’air et respirer… alors, là, l’esprit doit se taire !!! Voilà l’exercice… si je commence à me demander par où je dois me retourner, c’est cuit…je peux seulement laisser faire mon corps.. et il me ramènera à la surface ! Qui sait si Jean-Baptiste n’y avait pas pensé lui-aussi ?

Dans les gymnases des arts martiaux, où j’ai étudié et enseigné pendant des années, le retournement s’apprend par les ”chutes” qui s’appellent généralement, selon le terme japonais, UKEMI : j’apprends avant tout à ne pas avoir peur de tomber puisque je sais que je peux me relever… si au contraire je ”m’oppose” à la chute, en raidissant les bras ou tout le corps, c’est là que je risque vraiment de me faire mal ! Mon maître disait : tu as reçu un coup? une provocation ? Au lieu de ”dire non” ou de ”faire la guerre”, essaie de l’accueillir, fais corps avec, et tu arriveras à le transformer, non pas passivement mais avec conscience et, surtout, ne crains pas de ”te faire petit” et de descendre à terre… fais-toi balle, sacrifie ton équilibre, n’aie pas peur ! Ce sera la force même de ”savoir tomber”… qui te relèvera et te donnera la nouvelle énergie pour te propulser… Incroyable, disais-je déjà à cette époque, cela nous apprend à travailler avec le corps…

ukemi

Mais venons-en aux virus… qui, comme le soutient le Professeur Viacava dans une vision éclairée, ne sont plus autant nos ennemis… et si nous regardions la maladie aussi de cette façon ? Si la maladie existe ”dans le corps, dans l’esprit et dans l’âme synchroniquement”, ”si un parasite se niche dans notre ventre, sa figure éthérique et mentale s’est nichée dans nos autres corps”.. voici vraiment l’autre versant que nous devons investiguer… le versant invisible, si nous voulons vraiment suivre un chemin de signification et d’intégrité, où se cachent les racines de la maladie, de chaque problème, de chaque ”friction”…

Nous avons dit que sur cette terre, nous apprenons à travers la friction… C’est sûr, à l’école aussi on ne nous envoie pas ramasser des bouquets de pâquerettes pour apprendre l’algèbre ou le grec ancien… on nous donne des tas de casse-tête !!!

Nous devons nous entraîner à ”retourner le tissu” pour voir l’autre face de la tapisserie, si nous voulons reconnaître la signification de la friction, et que les casse-tête de l’école de la vie ne restent pas dépourvus de sens, ou pire, pour ne pas finir en étant toujours à bénir ou maudire le bon ou le mauvais sort…

Si d’un côté du tissu, je perçois les dessins de les couleurs, de l’autre côté je pourrai découvrir les nœuds qui le maintiennent assemblé, qui lui donnent corps en rendant visibles les formes et les différentes nuances… là-dessous, dans l’invisible, il y a la SIGNIFICATION…

Mais c’est toujours dans l’obscurité que nous devons creuser pour la découvrir… comme les racines de l’arbre, qui le tiennent sur pied et le nourrissent… alors, si je m’exerce, cette opération sera de plus en plus facile et immédiate, je me demanderai toujours, face aux occasions, belles ou moches de la vie: quelle est sa signification, ou plutôt quel est le MESSAGE que j’ai l’occasion de comprendre pour retrouver le SENS, la direction utile pour continuer mon chemin ?

C’est ainsi que la SIGNIFICATION devient Médecine…

Le SENS c’est la SIGNIFICATION QUI SE FAIT DIRECTION : la maladie, le problème, les ”nœuds” de la tapisserie de ma vie, c’est ce qui la tisse et la nourrit de signification… Sortons du piège de l’insignifiance… de la vision de la vie où les faits, les événements joyeux ou douloureux finissent ”éparpillés ça et là” comme des copeaux de fromage râpé sur les pâtes…

Il y a dans la maladie, une direction, un sens et une Signification… nous avons perdu les clés mais nous avons la possibilité de nous souvenir!!! Comme nous l’avons dit peu avant… entraînons-nous à ”retourner le tissu”! Ne nous contentons pas de l’apparence… la science moderne et les traditions anciennes, les mythes, nous viennent en aide ! Les significations sont en nous… elles attendent seulement que l’époux (zakar) se rappelle l’épouse et se mette en chemin… le masculin en nous doit se réveiller… au-delà des stéréotypes modernes, seulement déviants…

L’Humanité se trouve aujourd’hui au cœur d’une grande mutation : une Terre Promise nous attend et le voyage est commencé ! Et même.. je crois que nous nous trouvons au beau milieu des contradictions d’un accouchement… que de douleur en effet!!! Ne nous installons pas avec les meubles dans le tunnel!! Ne nous illusionnons pas que l’urgence soit seulement économique, politique, énergétique, écologique… la seule et unique urgence est, actuellement, une urgence SPIRITUELLE… et pour ça nous devons travailler, avec urgence et confiance même s’il nous semble que l’obscurité augmente… En réalité c’est la lumière qui est en train d’augmenter…

Dans le cours de l’Année, avec le solstice d’été, le soleil commence à se retirer, après avoir conquis péniblement le zénith du ciel… l’obscurité avance afin qu’une autre lumière émerge : le Baptiste disait ”il faut que Tu croisses et que je diminue”…

Au septième jour de la Genèse, Dieu se retire pour que l’Humain soit…

La mère, comme la marée (j’aime cette assonance, de même origine sémantique, mère, mer) doit, à un certain moment, se retirer, ”pour que l’utérus ne devienne pas tombeau”.. Se retirer pour que l’autre advienne est le pus grand acte d’amour…

C’est la kénose divine… (contraction du Soi, de l’Ego, sacrifice archétypal). Dieu lui-même renonce à son absoluité, l’Un se divise…

Attention toutefois… Dieu se retire mais ne se retire pas… comme la mère, qui s’éloigne pour permettre à son petit de faire ses propres expériences.. elle le suit, même de loin, elle est vigilante et prête à intervenir !

Voici de nouveau le ”paradoxe”… Il y a un profond mystère dans notre humanité… nous sommes UN, alors que chacun de nous est UNIQUE… En réalité, nous sommes au-delà de cette contradiction… Pensons au trou de Botal qui se referme à la naissance… L’unité est dépassée, non perdue…

Se retourner signifie apprendre à accepter le paradoxe, à DEPASSER L’ANTINOMIE !!! Ouvrir une ”structure de la transparence” dans laquelle le ”et-et” se substitue au ”ou bien-ou bien”, par la logique du ”non seulement mais aussi” !!! Ouvrir un horizon où l’esprit et le cœur peuvent enfin recommencer à se rencontrer… La route sera désormais ouverte seulement à cette condition !

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La grande Annick de Souzenelle, bibliste de grande renommée, dit qu’il existe en nous deux identités (l’Homme est double.. vous vous rappelez??)

Jusqu’au 6° jour de la Genèse, l’Homme, créé biologiquement, est encore un enfant, il ne connaît pas les grandes richesses déposées en lui… avec le Shabbat du 7° jour, quand Dieu se retire, l’Homme est ”appelé à se verticaliser”… Paroles puissantes…

L’Humanité est appelée à ce PASSAGE… à ce ”passage du 6° au 7° jour”… nous devons nous verticaliser nous-mêmes, puisque nous sommes des êtres qui marchent sur deux jambes, même si en réalité… nous sommes encore en train de ramper…

C’est ce que nous sommes en train de vivre aujourd’hui… Nombreux sont les mythes qui parlent de ce PASSAGE. Pour en rester au biologique de la naissance et continuer la métaphore d’avant, rappelons-nous que, dans la vie fœtale, à la fin du 6° mois, le fœtus est ”prêt” biologiquement… Avec le sixième mois, même le sang change : les globules rouges RENONCENT au noyau, la partie la plus évoluée… Dans les trois derniers mois de vie intra-utérine, le fœtus reçoit de NOUVELLES INFORMATIONS… informations qui lui permettent de PASSER du stade de 6° jour (identité biologique) au stade du 7° jour (identité divine).

Élisabeth était enceinte de six mois, quand elle reçut la visite de Marie… Et c’est encore au sixième mois que Héra, la femme de Zeus, découvrit la trahison de son mari… elle fit tuer la nymphe avec qui il l’avait trahie, en recueillit le fœtus et ”le mit dans la cuisse de Zeus”.. six mois lunaires, humains, et trois mois divins…

Le passage du 6° au 7° jour est fondamental ! Avec lui, nous sommes appelés à PASSER A UNE PERSPECTIVE DIVINE, dans le chemin de verticalisation de notre conscience… Nous devons ne pas perdre de temps, nous interroger et nous observer, sachant que nous sommes observés… C’est une exigence terrible, dit Annick, qui fait peur !

Et pourtant nous devons vivre ce nouvel impératif intérieur… et, pour lui, même accepter l’exil, d’être rejetés par les autres, parce que parfois, écouter certaines choses, cela peut vraiment déranger.. puisque certaines lois sont contraires à celles du monde.. de toute façon on ne peut y renoncer !

Les Cieux en nous, encore voilés, voilà ce que nous devons dévoiler de toute urgence. Le pôle féminin de l’Être, féminin parce qu’intérieur… ce féminin que, dans les mythes, Satan enlève… le féminin qui a été dérobé, comme de nombreux mythes justement le rappellent (d’Hélène de Troie aux Sabines avec leur célèbre ”rapt”).

C’est ce ”féminin” gardien, au milieu des ”eaux”, du NOM (Sem en hébreu), l’essence des choses, ce ”caché” (volé) que nous devons rechercher et faire naître au-dedans de nous : c’est l’Autre côté, le non-encore accompli et cela correspond au potentiel inouï des énergies contenues, parfois retenues, dans les ténèbres.

Les maladies, virus et bactéries.. les Ténèbres au-dedans de nous… nous pouvons, plutôt que les combattre pour les anéantir, les comprendre pour les intégrer, en en dévoilant le potentiel et la force cachée (lat. vis, force…) en les transformant en lumière, ce que la lumière est non-encore

« Le temps est venu qui nous donne d’oser faire appel à l’orient de notre être, à la Langue Une qui annonce l’ordre ontologique des choses ; la parole que nous traduisons avec ”bien” (tob en hébreu), est celle qui qualifie la ”lumière” au premier jour de la Genèse, et son opposé (r’a) n’est pas le mal (Dieu ne crée pas le mal) mais ce qui participe aux ténèbres (”Erèbe’‘ la nuit). »

***

La nuit est maintenant profonde et, enfin, j’ai réussi à trouver le silence nécessaire pour écrire ces lignes… Tout paraît dormir : je m’aperçois, qu’en réalité, l’obscurité et le silence autour de moi (à l’intérieur de moi peut-être?), qui donnent ”sonorité” jusqu’au frappé de mes doigts sur le clavier de l’ordinateur…, ne sont pas ”vides” mais ”denses” et que, c’est sûr, je ne suis pas seule… je suis même sûre qu’y sont contenues les forces que je dois trouver pour pouvoir me concentrer. Qu’écrirai-je sur la question des virus et des bactéries ? Je ne suis pas scientifique… et pourtant il y a un link.. comme toujours quand tu cherches à contacter le cœur des choses…

traduction : Nicole Chambon

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